Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Quand 2 millions = 480 millions

Le gouvernement français va rémunérer les jours de récupération des médecins hospitaliers accumulés depuis 2002 au titre des RTT, selon Le Parisien-Aujourd’hui en France.

Le gouvernement français va débourser au moins 480 millions d’euros sur quatre ans pour rémunérer les jours de récupération des médecins hospitaliers accumulés depuis 2002 après le passage à la semaine de travail de 35 heures hebdomadaires.

Un accord doit être signé lundi soir entre les syndicats et le ministère de la Santé pour résorber les quelque deux millions de jours de RTT accumulés depuis une décennie, ce qui permettrait à certains médecins de recevoir jusqu’à 24.000 euros, assure le journal.

Le projet de décret, que le Parisien dit avoir consulté, est jugé par le journal très favorable pour les médecins hospitaliers, puisque diverses modalités ouvriraient la possibilité de toucher de confortables enveloppes, en lieu et place d’une obligation de prendre les jours de congés.

En se montrant si généreux – Xavier Bertrand a tout de même rappelé le côté théorique de cette somme, tous les médecins n’opteront pas pour la monétisation - , le gouvernement montre sa volonté de se réconcilier avec le corps médical hospitalier. Ou plutôt avec une partie du corps médical hospitalier. Les négociations n’ont été menées qu’avec des interlocuteurs choisis. Ainsi, ni Avenir hospitalier, ni l’AMUF (Association des médecins urgentistes de France), ni la CGT n’ont été conviés au ministère de la Santé. « C’est un déni de démocratie », s’insurge Nicole Smolski, présidente du SNPhar, membre de l’intersyndicale Avenir hospitalier. « Nous avons pourtant recueilli 25% des voix des praticiens hospitaliers aux dernières élections professionnelles », poursuit la syndicaliste, qui a adressé un courrier à Xavier Bertrand, François Fillon et Nicolas Sarkozy pour dénoncer la situation. «  Le ministère de la Santé nous rétorque que c’est une question de représentativité et qu’une enquête va être lancée sur la représentativité. Ca n’avait jamais été demandé auparavant  ».

Autre persona non grata, Patrick Pelloux, le président de l’AMUF, s’agace de cet « accord de dupes, électoraliste  ». Outre l’épineux dossier des RTT, l’accord-cadre de lundi signe «  la mise à mort du statut de praticien hospitalier » : temps de travail annualisé, contrats d’objectifs et même intéressement. « On est dans la logique de l’hôpital-entreprise  », déplore l’urgentiste. Plus grave encore : pendant que les médecins sont cajolés, les personnels soignants, qui accumulent comme les médecins fatigue et millions de jours de RTT, sont oubliés. « On ne joue pas dans la même cour que les médecins, qui ont audience et pour qui on débloque des fonds », déplore-t-on à Sud-Santé, soulignant le sentiment d’injustice ressenti par les infirmiers et aide-soignants. Pas sûr qu’à trois mois de l’élection présidentielle, le gouvernement soit très sensible à l’argument.

Comme toujours à l’hôpital, selon que vous serez puissant ou misérable...

La force de l’habitude. Ici comme ailleurs.

AB

source : la tribune, Reuters, Marianne2