Société Française des Infirmier(e)s Anesthésistes
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Etat d’urgence à SUdF (le retour)
Article mis en ligne le 10 octobre 2021
dernière modification le 13 octobre 2021

par Arnaud Bassez

Samu et urgences de France (SUdF) est en émoi. La proposition de loi MATRAS perturbe un peu nos éminences grisonnantes et méprisantes. Juste retour des choses après le lynchage en règle des IADE en 2015 ?

Sur quoi la docte société tremble-t-elle ?

Article 2 - L’attribution d’une mission de « soins » aux services d’incendie et de secours nous parait inadaptée, au regard de l’organisation du système de santé, des missions et de la formation des professionnels de santé́, et susceptible de constituer un élément de désorganisation dans la réponse aux besoins de santé de la population, sans plus-value avérée pour la réponse aux besoins en santé des populations ;

Article 31 – Si les interconnexions et ’interopératibilité des systèmes d’information entre Services d’Incendie et de Secours et les Services d’Aide Médicale Urgente doivent être renforcés, le choix du 112 comme numéro unique pour les appels d’urgence serait fortement préjudiciable à la réponse aux besoins médicaux d’urgence et, loin de répondre à l’ambition d’une plus grande efficacité, entrainerait une augmentation de la surcharge opérationnelle des sapeurs-pompiers et induirait des transports inadaptés vers les services d’urgence, ce que démontrent les exemples étrangers ;

Article 3 – La définition et le financement des carences ambulancières nous paraissent devoir être précisés, afin dans l’intérêt de la population de conserver toute sa place à la régulation médicale ;

Article 33 – Faire des services d’incendie et de secours des terrains de stage pour les étudiants en santé ne parait pas la solution adaptée pour mieux faire connaitre les missions des SIS. En revanche, toute augmentation du nombre de lieux de stage se ferait au détriment des terrains de stage existants qui sont pourtant, souvent, indispensables dans les hôpitaux publics comme l’atteste depuis plus d’un an la crise sanitaire. Il s’agit également de conserver une cohérence et un encadrement les plus exigeants pour les étudiants en santé.

Reprenons donc un peu les choses :

  • Article 2 - L’attribution d’une mission de « soins » aux services d’incendie et de secours nous parait inadaptée, au regard de l’organisation du système de santé, des missions et de la formation des professionnels de santé, et susceptible de constituer un élément de désorganisation dans la réponse aux besoins de santé de la population, sans plus-value avérée pour la réponse aux besoins en santé des populations ;

Comme toujours, seuls les médecins de SUdF semblent dignes de pouvoir porter secours et assistance à la population. Rappelons que nombre de médecins sont volontaires dans les SDIS de France. Il y a 12.523 membres du Service de santé et de secours médical (SSSM) dont 3.724 médecins. La plupart sont des volontaires et exercent une activité principale libérale ou hospitalière, d’autres sont sapeurs-pompiers professionnels. Quant au niveau de leur qualification, nous laissons la responsabilité du propos à son auteur.
Nous n’évoquerons pas ici les 7.843 infirmiers pour ne pas faire de peine à ceux qui réfléchissent, pensent, coordonnent et décident pour la plèbe soignante.

  • Article 31 – Si les interconnexions et "l’interopératibilité"(sic) interopérabilité serait plus français monsieur Braun
    des systèmes d’information entre Services d’Incendie et de Secours et les Services d’Aide Médicale Urgente doivent être renforcés, le choix du 112 comme numéro unique pour les appels d’urgence serait fortement préjudiciable à la réponse aux besoins médicaux d’urgence et, loin de répondre à l’ambition d’une plus grande efficacité, entrainerait une augmentation de la surcharge opérationnelle des sapeurs-pompiers et induirait des transports inadaptés vers les services d’urgence, ce que démontrent les exemples étrangers ;

Pourtant la France est le seul pays à ne pas introduire le 112 comme seul numéro dédié à l’urgence, à rebours de ce qu’ont fait tous les pays de l’Union européenne, ainsi que l’Islande, la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège (partiellement), Andorre, Monaco, Saint-Marin, le Vatican, la République de Macédoine du Nord et la Turquie, les Îles Féroé, Jersey, Guernesey, l’Île de Man, la Russie et la Serbie.

En 2019, la part des appels d’urgence vers le numéro d’urgence européen unique « 112 » représentait 56% de tous les appels d’urgence : sur un total de 267 millions d’appels passés dans l’UE, 150 millions étaient des appels « 112 ». (RAPPORT DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN ET AU CONSEIL Sur l’efficacité de la mise en œuvre du numéro d’urgence unique européen « 112 », 15 décembre 2020).

SUdF ne partage pas. Cependant, les autres pays seraient-ils donc dénués de jugement et de résultats à l’inverse des études qu’oppose SUdF ? Ce que c’est que d’avoir raison contre plus d’une quarantaine d’États souverains.

Rapport de la commission au parlement européen et au conseil sur l’efficacité de la mise en oeuvre du numéro d’urgence unique européen 112
  • Article 3 – La définition et le financement des carences ambulancières nous paraissent devoir être précisés, afin dans l’intérêt de la population de conserver toute sa place à la régulation médicale ;

Il va falloir en effet que la sécurité sociale se penche sérieusement sur les "ambulances", copies conformes d’une automobile standard sans aucun équipement spécifique et qui pourtant coûtent plus cher qu’un taxi pour une prestation équivalente. C’est-à-dire un simple transport d’un point A à un point B.

  • Article 33 – Faire des services d’incendie et de secours des terrains de stage pour les étudiants en santé ne parait pas la solution adaptée pour mieux faire connaitre les missions des SIS. En revanche, toute augmentation du nombre de lieux de stage se ferait au détriment des terrains de stage existants qui sont pourtant, souvent, indispensables dans les hôpitaux publics comme l’atteste depuis plus d’un an la crise sanitaire. Il s’agit également de conserver une cohérence et un encadrement les plus exigeants pour les étudiants en santé.

SUdF ne manque pas d’air, quand il disait que les étudiants infirmiers anesthésistes ne seraient plus en capacité d’être accueillis dans les structures de SMUR, en totale contradiction avec les textes de loi que la SFMU et SUdF manient à leur avantage quand ça leur convient. À présent, la fuite d’étudiants vers les « rouges » effraye celui qui prônait l’éradication des étudiants infirmiers anesthésistes en 2015. De la constance de ses convictions … toujours au doigt mouillé selon le sens du vent.

Une lettre du président Braun au député Fabien MATRAS rappelle des points essentiels.
« [...]

  • En effet, vouloir opposer « secours » et « santé » est une position dogmatique très éloignée des réalités de terrain où pompiers, hospitaliers et médecins libéraux travaillent la main dans la main, au sein d’espaces numériques partagés. Où chacun garde ses prérogatives et la maîtrise de ses missions, pour le bien de tous. [...] »

Main dans la main... en ayant le poing serré selon la vieille amitié ancestrale...

  • « [...]Il faut rappeler ici avec force que le 112 comme numéro unique « police-pompiers-Samu » en Europe est un mythe qui ne concerne que 8 pays européens (Danemark, Estonie, Finlande, Malte, Pays- Bas Portugal, Roumanie, Suède). C’est une vieille solution qui répond à de vieux problèmes. Des problèmes qui n’ont plus rien à voir avec les difficultés que nous rencontrons aujourd’hui et que nous devrons affronter demain.[...] »

8 pays européens ? Néanmoins un petit coup d’œil sur la page dédiée du 112 stipule : « Vous pouvez demander une aide d’urgence dans les 27 Etats membres de l’Union européenne via le numéro d’urgence 112.

Ces États membres sont : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, Chypre, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède.
Le 112 est également utilisé dans certains pays hors UE tels que la Suisse et l’Afrique du Sud.
 »

C’est curieux de vouloir s’affranchir de ce qui semble marcher chez nos voisins. Serait-ce une volonté hégémonique de vouloir tout contrôler sous sa coupe ? Non, nous ne pouvons affirmer cela. Pas SUdF, pas la SFMU, pas les médecins.

  • « [...]Professionnels de santé, totalement investis dans cet objectif et particulièrement mobilisés depuis plus d’un an, nous n’accepterons jamais que la santé des français soit prise en otage dans des luttes corporatistes[...]. »

À se demander ce qu’étaient les déclarations anti IADE de 2015 ? À se demander ce qu’est le préambule de la vidéo de Mr Braun en 2019 sur "le darwinisme : l’homme descend du singe... euh non, l’urgentiste descend de l’anesthésiste-réanimateur." et sur l’inénarrable Néandertalien infirmier, limite insultant et pouvant faire l’objet d’une plainte de la part de l’ONI pour dénigrement de la profession. Si l’ONI existait et était réactif donc...

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Les IADE de France ont vu l’appel de SUdF, mais ils n’y répondront pas. Ils ne soutiendront pas ceux qui nous ont enfoncé en 2015. Nous ne pouvons nous mêler de ce qui n’est plus de notre ressort, nous qui sommes voués à "l’extinction" selon le trait d’un comique de l’urgence.

Pour un tel visionnaire, il est dommage qu’il n’ait pas vu le boomerang des autochtones.

La théorie de l’évolution est compliquée.

Arnaud BASSEZ

IADE


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