Moi je veux bien apporter ma pierre à l'édifice. Je me propose de traiter les cas suivantsSuisse romande une formation auprès de l’association Sexualité et handicap pluriels (SEHP). Sans doute l’accompagnement quotidien de personnes prisonnières de leur corps, l’a peu à peu convaincu de la nécessité de proposer à ces patients un accompagnement sexuel. C’est ainsi que Pascal, âgé de 50 ans, kinésithérapeute et psychologue, a décidé, après cet enseignement suivi en Suisse, de prodiguer un ou deux jours par mois « caresses et tendresses » à certains de ses patients, hommes ou femmes. Il exerçait jusqu’à son témoignage aujourd’hui publié par le Parisien cette activité clandestinement et nécessairement gratuitement (en dehors du remboursement des frais de déplacement) pour ne pas être accusé de prostitution. Cependant, il a retenu de son voyage helvète l’importance de se fixer différentes règles : ses relations intimes avec ses « patients » ne vont jamais jusqu’à la pénétration et il refuse de « prendre en charge » des patients en dessous de 30 ans « car la différence d’âge me gênerait ». Sa formation lui aurait également appris « à savoir où on en est et où en est la personne handicapée pendant le moment d’intimité, c’est important ».
Le but n’est pas d’obliger les infirmières à faire ça
Si Pascal a suivi sa formation en Suisse romande où un « service érotique » a été mis en place l’année dernière, des assistantes, accompagnantes sexuelles ou prostituées spécialisées formées et surtout reconnues par la loi, existent depuis vingt-cinq ans au Pays-Bas et au Danemark, dix-sept ans en Allemagne et ont été autorisées plus récemment en Suisse alémanique et en Belgique. Si des cadres différents existent selon les pays, ils permettent tous d’exclure du champ de la prostitution ceux et celles qui souhaitent devenir « aidants sexuels ». Les profils de ces derniers sont divers, mais une fois encore, il apparaît que les réglementations permettent d’écarter l’idée selon laquelle les professionnels de santé devraient être amenés à jouer ce rôle. Pour Pascal il est clair que ce qu’il « fait n’est pas la mission des personnels de santé. C’est important de le dire car j’entends déjà nos opposants s’insurger du fait que si on légifère sur les aidants sexuels, on va obliger les infirmières à faire ce qu’on fait. Ce n’est pas le cas ».
L’AFM, l’AFP, Handicap international : tous favorables aux aidants sexuels
Evoquer cette question et les très nombreuses autres posées par l’assistanat sexuel des personnes handicapées (de la perception du corps à la spécificité de certains handicaps en passant par le respect de l’intimité) est l’objet d’un colloque organisé aujourd’hui par la Ville de Paris. Différentes données sur la sexualité des personnes handicapées y seront présentées, mais on devrait surtout y entendre la voix de ceux et celles qui militent pour la création d’un statut d’aidant sexuel en France. Le parrain de la journée est Marcel Nuss qui a travers le Collectif handicaps et sexualité (CHS) est un grand partisan de l’assistanat sexuel. Ce collectif est aujourd’hui composé de plusieurs organisations phares telles l’Association française contre les myopathies (AFM), l’Association des Paralysés de France (APF), la Coordination handicap et autonomie (CHA) et Handicap International. La sexologue et diplômée en santé publique Sheila Warembourg qui évoquera aujourd’hui la question de la parentalité a souvent exprimé le point de vue du CHS. Au sein de Handicap International, elle a créé en 2000 le service d’Accompagnement de la vie affective et sexuelle (AVAS).
Prostitution ?
Ce colloque qui devrait donc accueillir un grand nombre d’acteurs du monde du handicap favorables à l’assistanat sexuel suscite certaines critiques. La présidente de Femmes pour le dire, Femmes pour agir, Maudy Piot n’a ainsi pas caché sa colère face à un colloque où affirme-t-elle la contradiction n’aura pas sa place. Or, selon elle « l’assistant sexuel c’est de la prostitution ». Elle assure notamment que la grande majorité des handicapés demandeurs sont des hommes. Pourtant Pascal cite pour sa part le cas de plusieurs femmes ayant souhaité connaître avec lui une certaine forme d’intimité. Marcel Nuss quant à lui répond lorsqu’on lui demande si l’assistanat sexuel peut être assimilé à de la prostitution : « Non. La prostitution ce sont des passes de 10 minutes (…) pour 80 euros ! Les accompagnants sexuels, eux, consacrent en moyenne une heure et demie à chaque personne par le biais de massages, d'attentions et, parfois seulement, de relations sexuelles. Ils se feraient bien plus d'argent avec des clients traditionnels. Ils ont été formés pendant un an aux spécificités et besoins particuliers des personnes handicapées. Le « rapport sexuel » n'est pas leur métier à plein temps. Ils sont rémunérés une centaine d'euros par séance, environ quatre fois par mois. 400 euros par mois, vous croyez vraiment qu'ils font cela pour de l'argent ? ».
Prise en charge par la collectivité ?
Ce débat témoigne cependant de la persistance de réticences sur le sujet. Pourtant, le député Jean-François Chossy (UMP) espère bien voir sa proposition de loi en préparation visant à créer un statut d’aidant sexuel aboutir. Pour lui, l’aide sexuelle doit faire partie de la Prestation de Compensation du Handicap et sans doute à cet égard bénéficier d’une prise en charge par la société.
Autre débat.
Aurélie Haroche
JIM
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Pierre Desproges a dit "Peut-on rire de tout ? Oui mais pas avec n'importe qui."